Le COVID-19 est derrière nous, et vous assistez à votre première conférence physique depuis longtemps.
Après une journée à suivre des talks sur des sujets vus et revus, vous êtes au bar, et vous sirotez tranquillement votre bière en compagnie d’autres personnes du public.

Une personne prend la parole et décrit le fonctionnement du système d’information de sa startup créée le mois dernier et ayant déjà 20 clients.

L’exposé se conclut par "Bien sûr tout cela va évoluer, on va tout passer en microservice dans Kubernetes le mois prochain, et utiliser Kafka comme base de données".

L’assistance hoche la tête en signe d’assentiment, convaincue que le but ultime de tout architecte sera bientôt atteint par ce jeune startuper.

Vous recommandez une bière en espérant que que l’alcool vous fasse oublier ce que vous venez d’entendre.

Qui n’a jamais vécu une situation plus ou moins similaire ? Il semblerait qu’il existe un chemin tout tracé dans notre métier. Votre architecture évolue au gré des modes, et cela de façon prédéfinie par l’industrie (ou Google).

A quel moment avons-nous arrêté de nous poser les questions: pourquoi ? Que nous apporte réellement tout ça ? Croyez-vous vraiment qu’une solution unique sera adaptée aux dizaines, centaines de milliers de SI de la planète ?

Et pourtant, il est classique d’entendre des "on est en train de découper nos monolithes en microservices, le tout dans Kubernetes". Personne ne sait pourquoi, mais c’est ce qu’il faut faire, ce que l’industrie veut, ce que les autres font. Comme ci cela allait de soit, il n’y a pas à se poser de questions, Cela tombe sous le sens.

Le pire ? Cela est extrêmement valorisé.
Qui pensez-vous que les boîtes vont recruter, celui qui maintient une architecture simple, ou la personne pouvant justifier sur son C.V la construction d’une usine à gaz ?
Qui va aller parler en conférence ? Celui dont le SI tourne de manière efficace, de façon presque ennuyante, ou celui qui a monté une équipe de 50 personnes pour tout reconstruire ?

Est ce que les outils et techniques cités précédemment sont de base néfastes ? Non. Comme toujours, cela a parfois du sens, et parfois non.
Mais entre le management qui pense résoudre ses problèmes organisationnels via de nouvelles technologies, les consultants spécialisés qui poussent au n’importe quoi pour faire du cash et briller en société, et la propagande des vendors, on arrive très vite à la foire au n’importe quoi.

Il est temps d’estimer à sa juste valeur la simplicité, et avoir de vrais justifications lors de choix technologiques.